"Chers collègues,
Ce soir nous devons nous prononcer sur l’arrêt du projet de PLUi avant enquête publique.
Nous tenons à réaffirmer à cette occasion notre très grande réserve concernant la zone d’activités nord-est, telle que définie dans ce PLUi, à laquelle s’ajoute une opposition complète à une seconde sortie d'autoroute ou une possible extension urbaine proposée à plus long terme au nord-ouest de Blois. Une extension qui irait à l’encontre de nos engagements à viser le 0% artificialisation net.
Concernant notre position sur la zone nord-est, plusieurs justifications ont déjà été exprimées. Nous la jugeons trop grande avec ses 40 Ha, soit une surface supérieure au centre ville de Blois, à urbaniser sur les champs en seulement quelques années. Celle-ci s'inscrit par ailleurs sur un corridor écologique unique de prairies mésophiles relevé dans le diagnostic des trames vertes du PLUi. Malgré nos demandes répétées, cette zone n’a pas été réduite et il n'est toujours pas inscrit de corridor écologique qui la traverserait de part en part. Nous espérons vivement que ce corridor sera mis en place.
Nous nous réjouissons évidemment que des entreprises puissent s'installer et relocaliser des emplois industriels et nous y sommes très favorables. Nous rappelons seulement que la zone nord-est pourrait être notre dernière zone industrielle de cette taille à pouvoir être urbanisée. Il nous faut donc ne pas dilapider ces hectares en urbanisant trop vite et sans économiser l’espace. Des efforts ont été faits sur la réhabilitation des friches industrielles, elles sont donc peu nombreuses à ce jour. Sans doute, faudra-t-il maintenant que la division parcellaire devienne une possibilité plus fortement encouragée pour nos entreprises qui ont parfois des espaces libres ou des parkings sous utilisés. Ainsi, nous avions conditionné notre accord à la zone nord-est à un certain nombre de points pour en faire un site industriel exemplaire : l'autonomie énergétique de la zone, son insertion fine dans le paysage, une obligation d'économie d'espace dans l'implantation des entreprises, le choix d’aménagements réversibles, le développement d'espaces mutualisés (parkings, bureau, espaces extérieurs) et le développement de modes de déplacements doux pour s'y rendre. Des éléments sur lesquels nous avons eu un accord oral en comité de pilotage mais qui ne sont pour le moment inscrits dans aucun document programmatique contraignant au sein de ce PLUi, l'orientation d'aménagement programmée de la zone ayant été repoussée au profit d’études à venir.
En dehors de ces points, nous approuvons le projet d’arrêté du PLUi car il est important d’ancrer dans le droit les avancées fortes qu’il apporte. La première d’entre elles est une forte réduction des terres urbanisables ; environ 40% de terres urbanisables en moins grâce aux efforts de nombreux maires. Là encore, un regret toutefois, ne pas atteindre les 50% de réduction des terres promises à l'urbanisation, alors même que la nouvelle loi climat impose ce ratio. La majorité blésoise dans son ensemble s’est d’ailleurs engagée à tout faire pour tendre vers le 0 artificialisation nette dans son programme commun.
Parallèlement, il nous semble que l’inquiétude des maires ruraux doit être écoutée attentivement, pour que la réduction des surfaces à construire en plein champ soit accompagnée d’une aide à la construction dans le tissu urbain permettant la préservation des écoles et de la vie au cœur des bourgs. Le maintien de la vitalité des bourgs doit être une politique publique réaffirmée : nous pensons aux les projets d’accompagnement à la qualité du renouvellement urbain, tel que le projet Bimby qui doivent s’inscrire dans la durée et apporter de l'ingénierie aux petites communes, ou encore à la nécessité de l'aide à l'acquisition par l'intermédiaire d'un établissement public foncier intercommunal.
Après cette entrée en matière qui rappelait nos hautes ambitions et exigences pour notre avenir, Je me dois de soulever aussi les nombreuses avancées positives qui ressortent de ce nouveau document d'urbanisme et qui justifient que nous votions pour ce PLUi. Des avancées dans le POA sur le développement de modes de déplacements doux avec un schéma de déplacement et une stratégie qui vise à faciliter la décarbonation des moyens de transports et la possibilité pour tous de se déplacer quel que soit son pouvoir d’achat. Une politique de déplacement qui ne valide d’ailleurs pas l’idée de faciliter le développement autoroutier et la création d’une seconde sortie, ce qui aurait été tout à fait incohérent avec une vision soutenable de notre avenir. Des avancées aussi sur la préservation de la qualité de l’eau, où la déconnexion des eaux de pluie devient désormais la règle, ce qui préservera la ressource et révolutionnera l’urbanisme dans notre agglomération en facilitant très fortement la plantation de nos villes. Des avancées obtenues aussi sur le développement des énergies renouvelables et de l’autonomie énergétique grâce à la plus grande souplesse accordée à la possibilité de faire de l'énergie photovoltaïque en toiture, des avancées fortes aussi sur le paysage avec la rédaction de règles d'urbanisme beaucoup plus adaptées aux différents quartiers et leurs typologies. Enfin, je cite la présence d’une orientation d’aménagement spécifique à la biodiversité et au climat qui facilitera le déplacement des espèces animales ou encore l’architecture bioclimatique. Bref une vraie avancée dans la qualité de nos paysages, de notre cadre de vie et de l'adaptabilité à un monde qui doit mieux s'inscrire dans le respect de son environnement, de l'humain et de la nature.
Rapidement, il nous faudra aller encore plus loin. Anticiper les conséquences de la loi climat et résilience qui ancre le 0 artificialisation net pour adapter notre territoire aux enjeux climatiques et favoriser des aménagements économes, réversibles et de faible impact. Anticiper les relations d’interdépendances qui rendent possibles nos modes de vie par la mise en commun et le renforcement des infrastructures essentielles telles que celles liées à la santé et aux approvisionnements. Aller plus loin encore dans l’ambition de thématiques nouvelles de notre Plan local d’urbanisme tels que celle du déplacement pour devenir résilient en augmentant encore notre niveau d’ambition sur les transports publics, les mobilités décarbonées, le covoiturage, la démobilité et le rapprochement entre les emplois et les lieux de vie qui sont aussi un enjeu social avec la hausse des coûts de l’énergie et du carburant.
Une approbation donc en faveur de ce PLUi porteur d’évolutions globales que nous pourrons encore renforcer dans les prochaines années, mais avec un désaccord affirmé concernant la zone nord-ouest, ainsi que de fortes réserves concernant la zone nord-est sur laquelle nous attendons des améliorations conséquentes pour en faire un site attractif car exemplaire du point de vue de notre responsabilité écologique et sociale. "
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Nicolas Orgelet et Yann Laffont, vice-présidents d’Agglopolys, Catherine le Troquier maire de Valaire et l’ensemble des élus du groupe écologiste au conseil municipal de Blois.
Conseil communautaire spécial PLUi-HD du jeudi 25 novembre à 18h30.
Un Grand merci aux nombreux sympathisants écologistes présents dans le public pour leur soutien qui vient s'ajouter à celui des différents élus siégeant au conseil. Une belle mobilisation qui montre le grand sérieux avec laquelle notre groupe considère le PLUi !
En complément, la prise de parole de Axel Dieuzaine, membre de Blaisois naturellement, qui témoigne aussi du sens de son engagement :
"Chers collègues du conseil communautaire,
Je prends rarement la parole dans cette grande instance que je découvre depuis la dernière élection, mais je souhaitais intervenir rapidement aujourd’hui, en complément ou en réaction aux interventions précédentes. L’une des raisons principales de mon engagement est la situation dramatique dans laquelle se trouve notre planète du fait des activités humaines. Situation qui empire d’année en année, de jour en jour, du fait de notre incapacité à prendre des décisions à la hauteur des enjeux et de faire évoluer nos comportements de manière raisonnable. Et les projections d’évolutions, notamment du point de vue du climat, nous le savons, vous le savez, nous conduisent collectivement dans un mur.
Dans ce contexte, la construction de ce Plan Local d’Urbanisme Intercommunal est un exercice essentiel pour nous projeter dans l’avenir, et je ne peux qu’apprécier le sérieux avec lequel ce travail a été mené à la fois sur la forme et le fond, et je félicite sincèrement les personnes qui y ont participé, et notamment Françoise Bailly qui l’a porté.
Le projet que nous arrêtons ce soir me semble qualitatif à plein d’égards, et en particulier cette volonté de vouloir construire une identité partagée à l’échelle de l’agglomération. Et je me retrouve globalement dans les objectifs exprimés lors des étapes antérieures de ce PLUi.
Pour autant, ce projet me pose de nombreuses questions, en particulier sur la question de la consommation de nos espaces agricoles et naturels.
La projection de la consommation foncière maximale de 23 ha/an sur les prochaines années, quand bien même celle-ci serait réduite par rapport à ce qui peut se faire aujourd’hui, ne me semble pas être un objectif raisonnable, sans a minima mettre en face des objectifs de désurbanisation. Quand on parle d’urbaniser 23 ha par an, cela revient à urbaniser chaque année l’équivalent de plus d’une trentaine de terrains de foot (ou de rugby). Je félicite la volonté de réduire notre consommation annuelle d’espace, mais je pense que cela ne suffit plus, en 2021, d’autant plus quand ce patrimoine naturel et agricole est l’un des atouts majeurs de notre territoire.
Nous devons porter notre attention en priorité sur le renouvellement du tissu urbain existant avant de penser à l’étendre. Nous devons porter nos efforts sur la rénovation et l’adaptation du bâti existant, sur la reconstruction sur les zones déjà urbanisées, sur la densification du tissu urbain. Cela est toujours techniquement plus complexe à faire que du neuf sur un ancien terrain agricole, je le sais, mais nous devons prendre à bras le corps cette complexité. Le sujet est abordé dans le Programme d’Orientations et d’Actions dans son volet Habitat, en particulier son action n°8, mais l’ambition ne me semble pas à la hauteur de nos besoins ;
Enfin, je souhaitais réagir, au nom des élus écologistes du Conseil municipal de Blois présents dans ce conseil communautaire, sur le sujet de la seconde sortie d’autoroute au Nord Ouest de Blois, sur lequel nous souhaitons réaffirmer notre opposition, et je vais essayer synthétiser nos arguments :
Un tel projet serait en contradiction avec les objectifs du volet déplacement du PLUiHD que nous arrêtons ce soir, qui met justement l’accent sur le développement renforcé des mobilités douces et alternatives à la voiture. Ce serait un contre-sens de faire une nouvelle infrastructure routière et soutenir ainsi les déplacements routiers longues distances au regard de nos besoins de réduction des émissions de GES sur notre territoire ;
Un tel projet conduirait à artificialiser des terres agricoles, réputées pour être parmi les plus fertiles de l’agglomération alors même que la situation nous impose, et que les habitants nous réclament, de viser l’autonomie alimentaire en renforçant les circuits courts ; Artificialisation directe pour la création de l’échangeur, mais également artificialisation indirecte en encourageant de fait l’urbanisation du territoire à proximité de cette nouvelle infrastructure ;
Un tel projet conduirait à consacrer des dizaines de millions d’argent public à un équipement routier sans justification évidente de retour sur investissement ou de résultat ;
En 2021, dans notre situation, un projet de nouvel échangeur ne nous semble pas raisonnable. Un projet de restructuration de la sortie existante pour répondre aux problèmes actuels nous apparaît comme beaucoup plus pertinent."
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