Nous sommes opposés pour notre part à la délibération 36, qui souhaite allouer 40 000 euros d’aides à la SAS Blois aéro service, et ainsi favoriser le développement des activités aéronautiques du Breuil.
Nous faisons ce choix par cohérence politique car nous voulons réellement répondre au défi climatique. Si nous faisons ce choix c’est aussi pour ouvrir le débat et être force de proposition à deux titres.
D’une part, car il convient d’interroger plus globalement notre stratégie concernant l’aérodrome du Breuil et son avenir pour s’assurer de s’inscrire dans une politique durable de transition soutenable de ses activités à long terme. D’autre part, car il nous semble que la conditionnalité des aides publiques doit être posée et qu’il serait positif d’engager une réflexion sur ce sujet qui mène à la définition de critères clairs et partagés.
Nous sommes opposés à ce que l'argent public à travers les aides économiques d'agglopolys participe à soutenir financièrement le développement de l'aérodrome du Breuil et de ses activités aéronautiques qui vont à l'encontre d'une vision durable de notre avenir. Rappelons-le, le transport aérien est le pire en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Rapporté au nombre d’utilisateurs, le transport aérien domestique est de très loin le plus émetteur de CO2 : 144 grammes de CO2 par passager et par km pour le transport aérien domestique, soit 2 fois plus qu’en voiture particulière et 15 fois plus qu’en train ! Mais l’aviation d’affaire à un coût écologique encore plus aberrant. En Europe, la pollution des jets privés a augmenté de près d'un tiers en 15 ans. Ce mode de transport est dix fois plus polluant qu'un avion de ligne et cinquante fois plus que le train d’après les études de l'ONG Transport et Environnement.
Or, il nous est proposé aujourd’hui de soutenir le développement d’une entreprise qui souhaite mettre en œuvre une production dans le secteur de l’aviation militaire. Une entreprise dont le coeur d'activité est fondé sur les sous-contrat de maintenance de vingt-cinq avions privés pour une clientèle qui fait partie de celle qui doit justement revoir ses modes de déplacements. Le secteur de l’aviation ne cesse de croître, et cela est incompatible avec la possibilité de respecter l’accord de Paris. Si nous passons au-dessus des 2° de réchauffement climatique, on ne sait pas prévoir ce qu’il se passera avec l’emballement climatique induit. Un monde au dessus de 2° devient imprévisible et un monde imprévisible est sans doute bien plus mauvais pour les affaires. Dans le cas de l'aviation, le développement et les bénéfices d’aujourd’hui cassent notre avenir de même que l’économie de demain. Devons nous créer des emplois qui devront disparaître dans 10 ans? Nous posons la question de l’avenir de l'aérodrome du Breuil :
La France est l’un des pays d’Europe qui comptent le plus grand nombre d'aéroports comparé à sa population, avec un aéroport pour 358 000 habitants quand il y a un pour 2 millions au Royaume-Uni et un pour 4 millions en Allemagne. Sous prétexte de développement économique local, l’existence de nombreux petits aéroports structurellement déficitaires est financée par l’argent public. Le modèle de l’aérodrome du Breuil est un parfait exemple local de ce constat.
Son modèle n’est pas soutenable et nous sommes convaincus de la nécessité de réduire le trafic aérien et a fortiori de ne pas favoriser sa progression. Ainsi, au-delà du cas de cette seule entreprise, c’est le développement de l’aérodrome qui est questionné, ainsi que le sens des aides financières conséquentes du conseil départemental auxquelles il doit sa survie et auxquelles vous proposez d’ajouter des aides de l’agglomération.
Ainsi, le conseil départemental a décidé cette année, au détriment des politiques sociales qui sont en théorie sa compétence première, d’investir 4 millions d’euros, soit encore 1 million d’euros supplémentaires dans l’année pour développer l'aérodrome du Breuil. Nous ne souhaitons pas participer de ce choix politique qui va à contresens de l’histoire en votant dans cette assemblée des aides économiques tant que nous n’avons fixé de perspective claire à l’avenir du Breuil. Il serait temps de poser la question de la vision à long terme de cet aérodrome, d’avoir une discussion sur son avenir et son devenir.
Rien ne semble pensé dans la durabilité, rien ne semble non plus concerté avec les habitants riverains. Il faut construire un avenir pour cet espace du Breuil , avec tous les partis prenantes : les entreprises, les riverains, les scientifiques, les politiques pour réorienter ensemble son futur dans une vision soutenable. Nous ne pouvons pas juste voter des aides économiques sans vision claire de ce que nous voulons faire de ce lieu. Il serait temps de poser la question de la vision à long terme de l’aérodrome, d’avoir une discussion sur son avenir.
L’argent public consacré à l’aide économique ne doit pas être saupoudré à toutes les entreprises sans distinction mais employé à améliorer la société par des actes qui soient profitables au plus grand nombre. Cela pose aussi la question de la mise en œuvre de conditionnalités aux aides économiques de notre agglomération.
Nicolas Orgelet, co-président du groupe écologiste "blois naturellement" à Blois
--- Le président d'agglomération, Christophe Degruelle a conclu les débats en donnant son accord pour la mise en place d'un groupe de travail sur la conditionnalité des aides économiques d'Agglopolys. Au travail !
Article de Henri Brissot, journaliste à la nouvelle république :
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