Monsieur Perruchot, lors du grand show de la présentation de ses vœux du 13 janvier dernier, a reconnu pour la première fois la réalité du changement climatique allant même jusqu’à assurer «qu’il serait puéril de se le dissimuler». Bravo. Venant d’un parti politique qui nous avait habitués pendant de longues années à un certain climato-scepticisme, ce revirement peut apparaître comme une avancée. Il est vrai que l’accumulation des preuves scientifiques disqualifie totalement ces positions d’hier.
Mais, dans le même temps, M. Perruchot plagie une chronique du journal les échos (Titre de la chronique “Oui à l'écologie, non à l'écologisme”) pour mettre en garde dans ses vœux contre “l’écologisme” dangereux et fanatique.
Des mots violents que nous condamnons, d’autant plus dans une période de vœux habituellement réservée aux messages de fraternité républicaine. Dans cette caricature, M. Perruchot se place en défenseur d’un monde raisonnable, pragmatique, et souhaite que surtout... rien ne change. Il semble assez évident que M Perruchot, à l’heure où le FN devient un parti “fréquentable” contre lequel plus rien n’est dit, tente par ses formules d’instaurer un nouveau clivage en désignant les écologistes comme de “dangereux enfants du vieux communisme porteurs de la haine de l’humanité”. Nous récusons ce glissement politicien dangereux.
Mais en fait, nous apprécierions que M. Perruchot fasse preuve de son nouveau volontarisme écologique dans les actes. Où est “l’écologie positive” dans son soutien à l’aérodrome du Breuil ? De même, la création de toujours plus de routes et sorties d’autoroutes, en quoi est-ce en cohérence avec une conscience raisonnable du changement climatique ?
Nous serions curieux de connaître son avis sur le projet du Chambord Country Club. Sans doute nous justifiera-t-il la construction d’un complexe de quelques 400 Ha sur des zones naturelles protégées par le besoin d’”écologie positive” et la création de quelques emplois. Comment sa nouvelle conscience des enjeux s'accommode-t-elle de la destruction d’écosystèmes, pour le profit d’un promoteur et l’agrément des plus riches de nos concitoyens ?
L’écologie que nous portons n’est en effet pas compatible avec une vision politique dont le seul horizon est l’augmentation du taux de croissance. Combien nous coûteront demain les crises sanitaires provoquées par l’asphyxie économique de nos services de santé ? Combien nous coûteront demain les crises écologiques héritées des logiques économiques du marché ? Cette année déjà, notre département a débloqué des fonds d’aides aux agriculteurs pour faire face aux catastrophes de la canicule. Mais ces canicules, tout comme les inondations, deviendront de plus en plus fréquentes avec l’amplification du dérèglement climatique. La vision de long terme du département serait donc d’encourager d’un côté un système agricole productiviste destructeur de biodiversité, producteur de gaz à effet de serre, et de l’autre de mettre un pansement sur la plaie de chaque nouvelle catastrophe climatique ? On voit vite que la logique de M Perruchot n’a finalement rien de pragmatique .
Nous, EELV, assumons notre “écologisme”. Il n’est pas un dogme, c’est simplement une volonté d'être lucide face aux réalités des défis qui nous attendent plutôt que de les sous-estimer. C'est en affrontant la réalité que nous pourrons construire une société désirable et adaptée à son temps.
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